Québec, 26 septembre – Le Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches (RÉPAC 03-12) est de plus en plus préoccupé par le contrôle abusif du SPVQ dans le travail des groupes communautaires.
Groupes communautaires bâillonnés
Plusieurs groupes membres du RÉPAC 03-12 ont rapporté vivre de l’intimidation et du contrôle abusif de la part du SPVQ lors d’événements organisés sur la place publique « Ça fait partie de notre mission de mobiliser la population et de dénoncer des situations injustes. On le fait de plusieurs façons; en créant des outils de vulgarisation, en faisant des séances d’information, en participant aux processus de consultation publique, en impliquant les personnes dans un processus d’éducation populaire, mais aussi en prenant à l’occasion la rue pour faire entendre les revendications de la population» explique Naélie Bouchard-Sylvain du REPAC 03-12. Or, depuis quelque temps, les pratiques du SPVQ semblent s’être considérablement durcies, ce qui décourage voire empêche la tenue de manifestations ou d’actions politiques. “ C’est grave ! La police vient voir les groupes et invente des règlements qui n’existent même pas pour les dissuader de prendre la rue! Et elle devient vite intimidante quand l’on questionne cette façon de faire. Pourtant, le droit de manifester est reconnu par les chartes et les groupes sont plus que légitimes d’utiliser ce moyen d’expression!” rappelle Naélie Bouchard-Sylvain du REPAC 03-12.
Les exemples s’accumulent
Déjà en juin le RÉPAC sonnait l’alarme et demandait au maire Marchand de faire la lumière sur le pouvoir démesuré que s’accordait le SPVQ dans le contrôle des manifestations. Alors que le maire continue d’ignorer le problème, les exemples s’accumulent.
Le 18 septembre, des policiers se sont immiscés dans le déroulement d’une manifestation festive et familiale. Des dizaines de personnes (jeunes, moins jeunes, personnes à mobilité réduite, etc.) prévoyaient marcher sur la rue Marie-de-l’Incarnation pour une rue plus sécuritaire pour les pétions·nes et un meilleur partage des espaces urbains, largement réservés à la voiture. Quelques minutes avant le début de la marche, deux policiers sont intervenus pour dire aux manifestant·es de rester sur le trottoir et que toutes les personnes qui marcheront dans la rue recevront une contravention. Cela venait miner le message et l’un des moyens d’expression des manifestants·es : l’occupation, par des piétons·nes de l’espace réservé aux voitures. Le ton des policiers a rapidement monté et devenu agressif dès que cette décision fut remise en question par l’organisation de la manifestation. Il y a un peu plus de six mois, des résidents·es avaient pris la rue avec l’accord de la police. Il y a deux ans des manifestants·es avaient perturbé le trafic sur le boulevard Charest, sans que la police intervienne. Pour Guillaume Béliveau Côté, animateur-coordonnateur au Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur (CCCQSS), cela démontre le côté arbitraire de l’action de la police face aux manifestants·es. “Le côté discrétionnaire des décisions de la police nous fait craindre le pire, affirme l’animateur-coordonnateur du CCCQSS. Laisser quelques policiers décider du déroulement d’une manifestation de façon arbitraire est une atteinte à notre droit de manifester et de s’exprimer. De plus, l’agressivité et l’arrogance des “ agents de la paix” instaurent un climat conflictuel et de colère dans une manifestation familiale et festive, où plusieurs enfants prennent la parole pour exprimer leur indignation. C’est inacceptable!”.
Le 15 septembre, dans le cadre du Camp du Frapru, le Comité logement d’aide de Québec Ouest (CLAQO) a organisé une activité d’éducation populaire sous le thème de «Sainte-Foy : le Far West pour les locataires». Un autobus scolaire de 20 places a fait un petit tour de plusieurs lieux d’intérêt de Sainte-Foy pour y informer les participant·e·s des diverses situations et réalités vécues par les locataires… suivie de près par les policiers. « Nous étions à peine une vingtaine, explique Charles-Olivier P.Carrier, organisateur communautaire au CLAQO. Pourtant 3 voitures de police et une quinzaine de policiers ont été déployés pour nous suivre.» Les policiers ne se sont pas contentés de garder leur distance. L’organisateur communautaire continue « Les policiers étaient dans notre face comme on dit. Un policier est même venu menacer une mère et son fils de 10 ans d’appeler la DPJ parce que le fils, visiblement inspiré par le thème de l’activité, avait fait un signe de pistolet avec ses doigts. Je le cite : ‘Madame, il faut que votre fils respecte la police. Sinon il va revenir avec une vraie arme’ ». M. P.Carrier résume : « Ce genre d’intervention ou le sentiment d’être observé par la police n’est pas banal. Je vous garantis que ceux-ci ont le résultat opposé à leur objectif et que l’ensemble participant·e·s présent·e·s ne se sentait pas en sécurité. Après tout, le seul qui avait ‘une vraie arme’ était le policier qui nous menaçait. Beaucoup des gens qui participent à nos actions sont déjà marginalisés ou vulnérables. Quand la police agit de la sorte, cela nuit carrément à notre mission sociale qui est de donner une voix à ces gens-là ».
Le RÉPAC 03-12 participera, à l’instar de plusieurs groupes communautaires, à une sortie de presse le 1er octobre pour dénoncer les pratiques répressives du SPVQ et du silence complice de Marchand.